La culture financière des jeunes est un enjeu crucial pour leur avenir. Mais quel est le niveau de connaissances financières des jeunes aujourd'hui, et comment peuvent-ils se préparer aux défis économiques de demain ? Pour répondre à ces questions, nous avons interviewé Jessica Thyrion, Conseillère à la Fondation ABBL pour l’Éducation Financière. Dans cet article, elle partage son expertise sur l'importance de l'éducation financière, les défis spécifiques auxquels les jeunes sont confrontés, et les initiatives mises en place pour les aider à naviguer dans le monde complexe de la finance. Découvrez comment la Fondation ABBL œuvre pour améliorer la culture financière des jeunes et les préparer à prendre des décisions éclairées et responsables.
Utilisation problématique des réseaux sociaux et comment la prévenir
Notre monde s’est véritablement numérisé. Dans les médias, on rencontre régulièrement des termes comme FOMO (fear of missing out, ou peur de rater quelque chose) et nomophobie (peur irrationnelle de se retrouver sans son téléphone portable), avec des inquiétudes quant à l'impact des réseaux sociaux sur les jeunes. Mais les parents comprennent-ils comment leurs enfants utilisent les réseaux sociaux et ce qui définit leur utilisation problématique ? La Dre Claire van Duin et la Dre Carolina Catunda, chercheuses à l'Université du Luxembourg, nous parlent de l'utilisation problématique des réseaux sociaux et donnent cinq conseils utiles aux parents qui s'inquiètent pour leurs enfants.
1. Carolina et Claire, vous participez à l'étude de HBSC Luxembourg qui recueille des données sur la santé et les comportements de santé des adolescents âgés de 11 à 18 ans.
Comment l'utilisation des réseaux sociaux par les jeunes Luxembourgeois se positionne-t-elle par rapport au reste du monde ?
En effet, le Luxembourg est l'un des pays participant à l'étude sur les comportements de santé des enfants d'âge scolaire.
En 2018, 8 687 adolescents scolarisés au Luxembourg et âgés de 11 à 18 ans ont participé à l'étude par rapport à un total de 227 441 élèves à l'échelle internationale.
Concernant la fréquence de leurs contacts en ligne avec leurs amis et d'autres personnes, 27 % des adolescents interrogés au Luxembourg ont déclaré être en contact avec leurs amis presque toute la journée, ce qui est considéré comme une communication intensive par le biais de médias électroniques. Par rapport au reste du monde, ce chiffre place le Luxembourg sous la moyenne des pays européens participant à l'enquête.
Toutefois, le fait qu'un adolescent communique intensivement en ligne ne signifie pas qu'il a tendance à utiliser les réseaux sociaux de façon problématique. La communication en ligne intensive est basée sur la fréquence, tandis que l'utilisation problématique des réseaux sociaux, telle que mesurée par l'étude de HBSC, porte sur les caractéristiques et les conséquences de l'utilisation des réseaux sociaux. Au Luxembourg, environ 6 % des adolescents interrogés pourraient être considérés comme ayant une utilisation problématique des réseaux sociaux. Par rapport à d’autres pays participant à l'étude de HBSC, le Luxembourg se situe dans la moyenne.
Plus récemment, en 2022, l'étude de HBSC Luxembourg a posé aux adolescents les mêmes questions sur l'utilisation problématique des réseaux sociaux et la communication électronique. Au Luxembourg, la prévalence des adolescents ayant recours à une communication électronique intensive avec une utilisation problématique des réseaux sociaux a augmenté depuis 2018. On constate qu’il existe de grandes différences entre les sexes :les contacts électroniques fréquents et l'utilisation problématique des réseaux sociaux touchent plus les filles que les garçons. Les comparaisons internationales ne sont pas encore disponibles.
2. Quand parle-t-on de dépendance et quels sont les symptômes de santé mentale associés ?
La dépendance aux réseaux sociaux, également connue sous le nom d'utilisation problématique des réseaux sociaux ou de trouble lié aux réseaux sociaux, n'est actuellement pas reconnue comme un trouble officiel dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM).
L'utilisation problématique des réseaux sociaux désigne généralement une tendance d'utilisation compulsive qui n'est plus contrôlée par la personne, avec des conséquences négatives sur ses relations sociales.
Cependant, il existe d'autres comportements problématiques liés aux réseaux sociaux, comme l'adoption d'un comportement antisocial en ligne.
L'étude de HBSC utilise les critères du trouble du jeu sur Internet pour évaluer l'utilisation problématique des réseaux sociaux. Ces critères comprennent le fait de passer trop de temps sur les réseaux sociaux et de les utiliser pour échapper à des émotions négatives. Ce n'est que lorsque la plupart de ces critères sont remplis que l'on peut parler d'une tendance d’utilisation problématique des réseaux sociaux. Pour rappel, en 2018, environ 6 % des adolescents luxembourgeois étaient considérés comme ayant une utilisation problématique des réseaux sociaux.
Les résultats de la recherche concernant le lien entre l'utilisation des réseaux sociaux et le bien-être sont contradictoires. Certaines études ont établi un lien entre l'utilisation des réseaux sociaux et l'anxiété et la dépression chez les adolescents, tandis que d'autres n'en n'ont pas trouvé.
Les études qui ont mis en évidence une relation négative ont fait état d'effets relativement faibles. Cela suggère que l'utilisation des réseaux sociaux n'a pas d'effets dévastateurs sur le bien-être des jeunes.
En outre, l'utilisation des réseaux sociaux et le bien-être interagissent mutuellement, car les réseaux sociaux peuvent influer sur le bien-être et le bien-être peut avoir un impact sur l'utilisation des réseaux sociaux. Il convient également de noter que ce qui importe pour le bien-être ne réside pas simplement dans le temps passé sur les réseaux sociaux, mais dans la manière dont les jeunes les utilisent et s'y consacrent.
3. En cas de problème, où les parents et les enfants peuvent-ils trouver de l'aide ?
Le site web BEE Secure est une ressource utile au Luxembourg pour en savoir plus sur la sécurité sur Internet et l'utilisation des réseaux sociaux pour les personnes de tous âges. Il s'agit d'une initiative du gouvernement luxembourgeois qui fournit des informations et des ressources utiles pour promouvoir une utilisation sûre et positive des technologies numériques, y compris des réseaux sociaux. Le site web BEE Secure fournit des informations sur divers sujets, allant de l'usage excessif à la cyberintimidation. Il existe même des informations spécialement destinées aux enfants qui leur permettent d'apprendre à utiliser Internet avec des jeux et des histoires.
Les parents peuvent également discuter avec leurs enfants de l'utilisation des réseaux sociaux et des risques qui y sont associés. Les conversations ouvertes et sans jugement avec les adolescents sur l'utilisation des réseaux sociaux sont une bonne occasion d'aborder la question de la sécurité sur Internet. Il importe de se rappeler que les adolescents ont grandi avec les réseaux sociaux comme une réalité et qu'ils connaissent peut-être mieux que leurs parents les complexités liées à leur utilisation. En outre, dans de nombreux cas, les adolescents eux-mêmes sont conscients des influences négatives potentielles de l'utilisation des réseaux sociaux, en particulier lorsqu'il s'agit d'adolescents vulnérables.
4. Le temps passé sur les réseaux sociaux a-t-il de l’importance ? Quelles limites de temps les parents devraient-ils imposer à leurs enfants ?
L'intensité de la communication électronique, qui repose sur le temps passé à communiquer avec d'autres personnes en ligne, est associée à une utilisation problématique des réseaux sociaux. En ce sens, le temps passé sur les réseaux sociaux a de l’importance, mais leur utilisation problématique ne résulte en aucun cas d'un seul facteur comme la fréquence du temps passé en ligne.
Il importe que l'utilisation des réseaux sociaux ne remplace pas d'autres activités bénéfiques pour la santé et le bien-être des jeunes, comme la pratique d'une activité physique. Les recherches sur l'utilisation des réseaux sociaux par les jeunes indiquent que le problème ne réside pas nécessairement dans l’utilisation des réseaux sociaux ou la quantité de temps passé sur ceux-ci, mais qu’il importe plutôt de savoir comment ils sont utilisés.
Par exemple, les réseaux sociaux sont-ils utilisés à des fins de connexion sociale, de divertissement, d'éducation ou pour tromper l’ennui ? En outre, quel type de contenu les jeunes recherchent-ils activement ou à quel contenu sont-ils exposés lorsqu'ils utilisent les réseaux sociaux ? Les différents facteurs liés au mode d'utilisation des réseaux sociaux semblent revêtir une plus grande importance pour les effets négatifs et positifs des réseaux sociaux sur les jeunes que le temps passé sur les réseaux sociaux.
En ce qui concerne les limites de temps relatives à l'utilisation des réseaux sociaux, l'OMS a publié des lignes directrices sur l'activité physique, la sédentarité et le sommeil chez les enfants de moins de 5 ans en 2019. Ces lignes directrices recommandent que les enfants de moins d'un an ne passent pas de temps sédentaire devant un écran et que celui-ci ne dépasse pas une heure pour les enfants d’un à quatre ans.
Différentes organisations dans le monde ont proposé de limiter le temps sédentaire que passent les enfants plus âgés et les adolescents devant un écran, bien que ces lignes directrices soient régulièrement critiquées pour insuffisance de preuves. D'une manière générale, il est important que l'utilisation des réseaux sociaux (et le temps d'écran sédentaire globalement) ne remplace pas des activités comme l'activité physique ou les rencontres avec des amis, et qu'elle ne nuise pas au travail scolaire ou au sommeil.
5 conseils utiles
aux parents qui s'inquiètent de l'utilisation des réseaux sociaux par leurs enfants :
- Concentrez-vous sur la manière dont les réseaux sociaux sont utilisés, et pas sur le temps qui y est dédié.
- Ayez des conversations ouvertes et sans jugement avec vos enfants sur leur utilisation des réseaux sociaux, afin de les guider vers une utilisation sûre de ces derniers.
- Encouragez les activités non sédentaires qui sont bénéfiques pour le bien-être et la santé, telles que le sport et les jeux de plein air.
- Montrez l'exemple : qu'il s'agisse d'encourager l'activité physique ou de limiter l'utilisation du téléphone pendant les moments passés en famille, comme p.ex. les repas.
- Ne vous focalisez pas que sur les aspects négatifs des réseaux sociaux, soyez également conscients de leurs potentiels effets positifs.
À propos du blog :
Il devient urgent d’opérer une transition rapide vers une durabilité environnementale à l’échelle mondiale. Les entreprises et l'industrie ont d'énormes impacts sociaux et environnementaux. « Pourquoi est-ce important ? » est un blog bimensuel qui vise à éclaircir ce sujet important à travers le regard de nos experts.
Ne manquez pas les conseils pratiques de nos experts pour votre quotidien et faites partie du changement positif.