L’économie mondiale : de l’inflation au risque de récession Analyse économique - Juillet 2022

Après un premier trimestre semé d’embûches, le deuxième trimestre s’est inscrit dans son sillage, alors que la visibilité fait toujours défaut sur le plan macroéconomique.

En début d’année, les prévisions de croissance des pays développés étaient estimées à 4%. Durant ce premier semestre, elles ont été progressivement révisées à la baisse pour aboutir actuellement à 2%. Ce chiffre doit être abordé avec discernement car la croissance peut continuer de ralentir tant que les banques centrales n’ont pas durablement atteint leur cible d’inflation.

En effet, en dehors des facteurs géopolitiques, les difficultés actuelles trouvent notamment leur source dans le comportement des banques centrales, pleinement lancées dans une démarche de resserrement monétaire afin de contrer une inflation qui dépasse 8%. Désormais bien au-delà la cible de 2%, l’inflation pèse, et lutter contre elle implique des sacrifices considérables du côté de la croissance. En effet, une remontée agressive des taux ralentit à la fois la consommation et l’investissement, frappe l’immobilier et crée un effet de richesse inverse auprès des ménages.

Actuellement, les données macroéconomiques sont clairement en phase de modération. Si tous les indicateurs précurseurs n’indiquent pas une contraction de l’activité à court terme, la tendance est orientée à la baisse pour la croissance, alors que l’incertitude plane sur l’inflation.

Les indicateurs précurseurs se retournent

OECD Composite Leading Index

Source : Refinitiv Datastream

ISM Manufacturing US

Source : Refinitiv Datastream

En Europe, surtout, les problèmes économiques sont reflétés par deux données économiques phares qui font la une des journaux. La première est le déficit commercial en Allemagne, le premier enregistré depuis la réunification du pays. Cela démontre des difficultés liées à la hausse globale des coûts et une demande en panne. Le modèle économique allemand, principal moteur de croissance en Europe, se retrouve ainsi piégé dans cet environnement.

Un autre symptôme en Europe est la dépréciation de l’euro qui a atteint la parité face au dollar après plus de 20 ans sur base d’affaiblissement économique sur le Vieux Continent.

Dans les pays développés, l’inflation globale, poussée par la composante énergie, avec la flambée des prix du pétrole et du gaz, continue de battre des records. L’alimentation est également une composante de poids, puisque les cours des matières premières agricoles se sont enflammés, poussant l’inflation globale sur une trajectoire haussière.

Cela étant, ces dernières semaines, les cours se sont détendus sur un certain éventail de matières premières allant des métaux industriels au blé, qui ont chuté de plus de 20% en moyenne. En Europe, toutefois, les prix du gaz et de l’électricité ont continué de grimper sur le trimestre, surtout en juin.

Si ces dernières nouvelles distillent des impressions relativement positives du côté des matières premières, il est encore trop tôt pour crier victoire sur l’inflation. Nous le constatons, une détente s’opère bel et bien pour certaines matières premières et les mesures d’inflation core fléchissent légèrement, mais ces mouvements sont à asseoir pour confirmer l’éclaircie sur les perspectives économiques.

Inflation annuelle aux États-Unis et en Zone euro

États-Unis
Zone euro

Source : Refinitiv Datastream

Les prochains chiffres d’inflation seront clés dans la mesure où elles éclairciront la feuille de route des banques centrales et la trajectoire de l’économie mondiale. Malgré le ralentissement en cours, il est difficile de voir les banques centrales changer de ton au sujet de l’inflation, tant celle-ci est élevée par rapport à l’objectif de 2%.

C’est de ce cadre économique complexe, marqué par un risque accru de récession et une inflation persistante que nous avons tiré une allocation globale plus défensive.



Des marchés pris dans la tempête

C’est sans surprise que ce contexte macroéconomique caractérisé par un ralentissement économique, une inflation record et des crises géopolitiques a pesé sur l’appétit au risque. Ainsi, les marchés actions globaux ont corrigé de 10% sur le trimestre et -14% sur l’année (en euros).

Le relèvement des taux dans le cadre de la lutte contre l’inflation a été le principal catalyseur d’une vente sur les marchés actions qui ont notamment connu une contraction des multiples. Pour rappel, les valorisations s’étaient envolées sur la période 2020-2021 grâce aux politiques de quantitative easing.

Cette remontée des taux a pesé sur le marché obligataire a également et donné peu de répit aux investisseurs, puisque les taux souverains ont grimpé dans ce contexte d’inflation. À titre d’exemple, le taux allemand à 10 ans est passé de 0,5% à 1,33% au deuxième trimestre et les spreads de crédit ont continué de grimper.

Les investisseurs se sont retrouvés face au défi de corrélation positive entre les deux classes d’actifs, c’est pourquoi un grand nombre d’entre eux ont opté pour une position en liquidités considérable pour réduire la volatilité des portefeuilles.

En même temps, la guerre en Ukraine et le cadre inflationniste ont poussé les prix des matières premières à la hausse (malgré une correction en juin) et l’Énergie a été le principal secteur porteur sur l’ensemble de l’année, les cours de l’or noir oscillant entre 100 et 130 USD ces derniers mois.

Marchés actions et obligations Devise locale, base 100

Marché Actions Américain
Marché Actions Européen
Marché Obligataire Américain
Marché Obligataire Européen

Source : Refinitiv Datastream

Aykut Efe
Economist & Strategist
Spuerkeess Asset Management

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