Changement climatique : les défis de la finance durable au quotidien

Les individus peuvent et doivent contribuer à la lutte contre le changement climatique par le biais de la finance durable, car les investissements publics ne peuvent pas à eux seuls atteindre les objectifs fixés par l'Accord de Paris. Par exemple, une manière pour les particuliers d’apporter leur contribution serait de choisir une banque qui accorde la priorité au développement durable et qui propose des produits d'investissement conformes aux objectifs environnementaux et sociaux.

Une autre option serait d’investir dans des produits financiers durables tels que des actions, des obligations, des fonds ou des produits de retraite soutenant la transition vers une économie à faible émission de carbone, car une plus grande transparence envers les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) au cours des dernières années a permis aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées. Par exemple, il semblerait qu’une obligation durable émise par le gouvernement luxembourgeois en 2020 ait financé 74 projets durables liés aux transports à faible émission de carbone, à l'éducation et aux soins de santé. En investissant dans de tels projets, les individus peuvent contribuer positivement à la transition climatique.

L'éducation est également essentielle pour faire progresser l'économie à faibles émissions de carbone. Le calcul de l'empreinte carbone des investissements, ainsi que la poursuite de carrières dans la finance durable peuvent guider vers des choix plus responsables. En outre, le fait d'engager des conversations avec nos pairs sur la finance durable peut contribuer à sensibiliser et à inciter d'autres personnes à investir dans des produits durables. En faisant des choix éclairés et en favorisant les discussions, les individus peuvent amplifier l'impact positif de la finance durable et susciter des changements significatifs.

Le Luxembourg est le théâtre de nombreuses initiatives visant à sensibiliser à la finance durable, et nous sommes fiers d'être impliqués dans nombre d'entre elles. Le gouvernement luxembourgeois a également élaboré un plan d'action en dix points sur la finance durable, qui fait la part belle aux programmes éducatifs.

Ces initiatives sont essentielles pour sensibiliser le grand public à la finance durable. En 2022, la CSSF, la Fondation ABBL pour l’éducation financière et la LSFI ont lancé une enquête pour évaluer le niveau de connaissance et de compréhension du grand public en matière de finance durable. Sur les 1.011 résidents luxembourgeois interrogés, 47 % ont admis avoir des connaissances limitées dans ce domaine.

J’ai personnellement pu observer une demande importante pour de la formation plus poussée dans le domaine de la finance durable, de la part des individus mais aussi des investisseurs institutionnels, des émetteurs, des conseillers et des gestionnaires d'actifs. En 2020, nous avons créé la LGX Academy afin de combler les lacunes en matière de formation à la finance durable et d'améliorer les connaissances et la compréhension des principes, normes, labels et réglementations qui la sous-tendent. Au sein de la LGX Academy, nous abordons des sujets très pertinents tels que l'écoblanchiment et la finance de genre. En outre, nous présentons régulièrement des études de cas et des études de marché sur des sujets spécifiques dans le domaine de la finance durable sur notre site web et notre blog dédié , ce qui permet de soutenir cette initiative importante.

La transparence est essentielle dans ce domaine, car elle contribue à renforcer la confiance des investisseurs. Contrairement à la finance traditionnelle, qui s'appuie principalement sur des mesures financières simples, la finance durable fait intervenir des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance complexes qui nécessitent des informations détaillées et précises. Les investisseurs particuliers doivent savoir où va leur argent et quels sont les résultats obtenus, ce qui fait de la transparence un élément essentiel.

Pour que celle-ci soit effective, les instruments financiers et les émetteurs doivent s'aligner sur des normes, des cadres et des labels internationaux reconnus, comme le label LuxFLAG par exemple. Cet alignement facilite non seulement la prise de décision en connaissance de cause, mais permet également aux investisseurs de gérer les risques liés à une atteinte potentielle à la réputation ou à des perturbations opérationnelles, qui pourraient avoir une incidence sur le rendement de leurs investissements.

Une communication transparente permet aux investisseurs d'évaluer l'impact social et environnemental positif de leurs investissements et de s'assurer qu'ils correspondent à leurs valeurs personnelles. En fin de compte, la transparence aide les investisseurs particuliers à s'orienter dans les normes en évolution de la finance durable, ce qui leur permet de faire des choix qui produisent des rendements financiers, mais qui sont également avantageux pour la société.

Les défis les plus importants pour les personnes souhaitant prendre part à des activités d'investissement durable sont le manque de connaissances financières, le manque de promotion des produits de finance durable auprès des investisseurs particuliers, le manque d'informations disponibles pour le public, la complexité de la terminologie de la finance durable et les pratiques d'écoblanchiment.

Malgré l'évolution rapide de l'environnement réglementaire concernant la divulgation des pratiques financières durables, il existe encore un manque important d'informations sur les pratiques ESG des entreprises, ce qui rend difficile pour les investisseurs de faire des choix en connaissance de cause. De plus, malgré le nombre croissant de réglementations strictes mises en œuvre, les pratiques d'écoblanchiment existent toujours, même si elles ont tendance à diminuer. En outre, l'idée selon laquelle les investissements durables sont moins performants que les investissements traditionnels reste très répandue. Ces défis, combinés à la terminologie complexe de la finance durable introduite par le nouveau cadre réglementaire européen, peuvent parfois donner aux investisseurs le sentiment d'être dépassés.

Néanmoins, on observe plusieurs évolutions encourageantes qui visent à faciliter les choix orientés vers la durabilité pour les investisseurs particuliers. La réglementation européenne fait des progrès significatifs en améliorant les informations sur l'adéquation par le biais de divers règlements et directives tels que le SFDR, la CSRD ou la CSDDD. 

Lorsqu'ils investissent, les particuliers doivent désormais être interrogés sur leurs préférences en matière de durabilité ainsi que sur leur profil de risque. Cela permet d'entamer des conversations et permet aux investisseurs de sélectionner activement des produits plus durables.

Ces mesures visent à lutter contre les pratiques d'écoblanchiment et à améliorer la formation des professionnels de la finance. Plus ceux-ci seront informés, mieux ils seront préparés à guider leurs clients particuliers.

Voici mes cinq principales recommandations pour les personnes qui souhaitent s'engager dans la finance durable :