Un mois d’août chaud pour les marchés financiers
Investment Update - Septembre 2024
Un mois d’août marqué par la volatilité vient de s’achever sur les marchés financiers. Pour autant, les performances demeurent dans le vert : les actions globales gagnent 0,44%1, les actions européennes ont engrangé 1,60%1 tandis que leurs homologues américaines n’ont rapporté que 0,20%1. Précisons que la hausse des marchés américains en dollars touchait presque 2,40%, mais l’appréciation de l’euro de près de 2% face au billet vert a été néfaste pour les européens investissant dans les marchés américains.
1Performance calculée en euros
Si les chiffres sont positifs à l’issue du mois, ses débuts ont été tourmentés. Le 2 août, les chiffres de l’emploi américains indiquaient un taux de chômage en hausse, de 4,1% à 4,3%. Les parallèles historiques enseignent que cette augmentation serait synonyme du début d’une récession. En effet, à chaque fois que le taux de chômage moyen sur trois mois excède d’au moins 0,50 point de pourcentage le taux de chômage le plus faible des douze derniers mois, une récession a commencé. Les économistes parlent de la fameuse « règle de Sahm », qui porte le nom de sa créatrice, Claudia Sahm, ancienne économiste à la Fed.
Toutefois, une nuance existe. Cette fois, le taux de chômage ne semble pas s’accompagner d’une destruction d’emplois. Certes, le taux de chômage augmente, sans pour autant se retrouver lié à une vague de licenciements. Dans ce cas précis, cette augmentation est davantage liée à une hausse du taux de participation. En effet, le taux de chômage n’est rien d’autre que le nombre de personnes cherchant officiellement un emploi rapporté à la population active (en d’autres termes, cela englobe les personnes ayant un emploi et les personnes cherchant activement un emploi). Ainsi, une appréciation des demandeurs d’emplois actifs peut pousser le taux de chômage à la hausse. C’est particulièrement le cas des demandeurs d’emplois récemment arrivés sur le sol américain, qui n’ont pas encore eu le temps de trouver un travail. Ce segment de population connaît un taux de chômage qui avoisine 10%, ce qui fait grimper la moyenne nationale.
Pendant ce temps-là, pour corser le tout, la Banque du Japon a relevé ses taux directeurs de 0,10% à 0,25%. Certes, l’amplitude de ce mouvement n’est pas énorme, mais le communiqué qui accompagne cette hausse a été jugé très « faucon », dans la mesure où l’autorité monétaire nippone a annoncé qu’elle souhaitait continuer la normalisation de sa politique monétaire sans trop attendre. À la suite de cela, un vent de panique a soufflé sur les marchés mondiaux car le Japon est une source de liquidité peu chère en raison de ses taux d’intérêts très bas. En effet, traditionnellement, les investisseurs empruntent en yen japonais pour investir dans des actifs étrangers, notamment américains, affichant de bons rendements. Lorsque les taux d’intérêt sont bas sur le yen japonais, cela ne pose pas de problème. Or, cette communication a fait paniquer ces investisseurs, qui ont réagi rapidement en cédant leurs positions globales pour reconvertir leurs fonds en yen. Ainsi, en quelques jours, le yen s’est apprécié de façon époustouflante de près de 10%. Fort heureusement, la Banque du Japon a vite adapté sa communication en annonçant qu’elle n’agirait pas tant que les marchés seraient dans la tourmente.
Dans cette phase de volatilité, les obligations souveraines ont naturellement bien performé. Aux États-Unis, le taux à 10 ans était à plus de 4,20% fin juillet et a fini août à 3,90%. La situation est identique en Allemagne, où le taux souverain à 10 ans a baissé jusqu’à 2,20% durant le mois.
Dans l’ensemble, cette phase de volatilité a laissé des traces. Même si les indices ont rebondi, les investisseurs se sont plutôt tournés vers des secteurs plus défensifs tels que les Services aux Collectivités, l’Immobilier et la Santé plutôt que vers la Technologie, dont la valorisation peut faire peur à certains malgré une croissance des résultats qui continue d’être tout à fait remarquable.
Les marchés sont donc nerveux. Dès lors, il semble préférable de se ranger à la neutralité sur les actions en attendant l’échéance électorale américaine de début novembre.
Historiquement, les performances sur les actions ne sont pas toujours au rendez-vous dans cette période pré-électorale, mais reviennent sur les deux derniers mois de l’année. Il s’agira alors de faire preuve d’agilité pour reprendre du risque lorsque l’incertitude électorale sera levée.
En termes sectoriels, la décision de surpondérer la Santé le mois dernier a permis de profiter d’une rotation sectorielle qui a lieu depuis juillet. Par ailleurs, la thématique de l’intelligence artificielle à travers les secteurs de la Technologie et des Services de Communications est toujours présente dans les portefeuilles.
Enfin, il semble opportun de rester prudent sur l’obligataire après la baisse violente des taux survenue récemment. Les investisseurs du marché obligataire semblent trop gourmands sur les fléchissements de taux à venir… aussi, le risque de déception n’est par conséquent pas négligeable. La dette d’entreprises, quant à elle, reste une composante essentielle dans la construction de portefeuille en raison du portage qu’elle fournit.