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Evergreens Insights : Rééquilibrage, diversification et psychologie des marchés : les clés d’un semestre mouvementé selon David Schmit

Dans cet extrait du podcast « Evergreens by Spuerkeess », David Schmit, Private Banking Advisor chez Spuerkeess, partage son regard sur les évolutions des portefeuilles clients, les effets des tensions géopolitiques et monétaires, et les nouvelles tendances d’investissement. Il aborde les enjeux de diversification, le retour des matières premières et l’importance de garder la tête froide face à la volatilité. Une perspective pragmatique et tournée vers l’avenir.

Le « Liberation Day » a marqué un tournant. Quelles ont été les réactions des clients ?

Le 2 avril a surpris par l’ampleur des tarifs douaniers imposés par Donald Trump. Même s’il a rapidement fait machine arrière, cela a poussé les clients à reconsidérer leurs portefeuilles. L’« US exceptionalism » est clairement remis en question. Les positions américaines étaient très dominantes, mais aujourd’hui, il y a une vraie demande pour plus de diversification et une allocation plus globale.

Les clients ont longtemps profité des performances américaines. Est-ce un tournant ?

Oui. Sur dix ans, les marchés américains ont surperformé. Ne pas y être exposé n’était pas avantageux. Mais avec les tensions commerciales et l’arrivée de « DeepSeek », les valorisations sont reconsidérées. Les clients regardent désormais vers l’Europe, l’Asie, et des thématiques délaissées.

La politique monétaire américaine est sous pression. Quel rôle joue la Fed ?

La Fed a un double mandat : stabilité des prix et plein emploi. Les salaires progressent, l’emploi reste solide. Cela incite à maintenir une politique restrictive. La prudence est de mise sur le calendrier des baisses de taux.

Et en Europe, la BCE a déjà baissé les taux. Est-ce terminé ?

Officiellement, oui. Mais les moteurs économiques — France et Allemagne — tournent au ralenti. Si cela ne repart pas, il faudra peut-être encore baisser. Je pense qu’une à trois baisses supplémentaires sont possibles sur douze mois.

Les matières premières reviennent dans les portefeuilles. Pourquoi ?

C’est lié à la diversification et au contexte géopolitique. Elles jouent un rôle de couverture, surtout pour les clients exposés aux taux. Si l’inflation reste structurellement élevée, notamment aux États-Unis, les matières premières — or, métaux précieux — font sens. Elles sont à la fois refuge et actif de rendement.

L’or a bien performé cette année ?

Oui, environ 22 %. L’argent a suivi, notamment après l’annonce de la banque centrale russe. La demande industrielle s’est renforcée. Cela reflète aussi une perte de confiance dans le dollar.

Les clients s’intéressent aussi aux pays émergents ?

Définitivement. L’idée est de réduire l’exposition au dollar et de se positionner là où la croissance est réelle. L’Asie, et en particulier l’Inde, attirent beaucoup. Il y a encore du potentiel, même après cinq années de bonne performance.

Et les actifs « verts » ?

Ils ont souffert récemment, notamment à cause du changement de ton politique. Mais à long terme, le thème reste pertinent. Il faut simplement revenir à une approche plus rationnelle, avec des investissements mieux ciblés.

La psychologie des marchés joue un rôle important. Que constatez-vous ?

Dès que la volatilité monte, les biais émotionnels prennent le dessus. Certains investisseurs paniquent, d’autres suivent l’euphorie. Il faut garder la tête froide, analyser et investir à long terme. La diversification par thématiques et secteurs aide à mitiger ces risques.

Pour conclure, quel est votre pronostic pour le second semestre ?

Difficile de donner un objectif précis. Je pense qu’on va revenir aux fondamentaux : résultats d’entreprises, enquêtes de sentiment, données économiques. Cela nous donnera une meilleure visibilité sur les six à neuf mois à venir — et sur la performance des indices.

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