Comment qualifieriez-vous le premier semestre 2025 sur les marchés ?
Globalement, les marchés ont bien performé, malgré une correction marquée en avril. Mais pour les investisseurs européens, la forte appréciation de l’euro a réduit les gains sur les actions américaines. Ce qui semble solide côté US peut en réalité être négatif en euros.
L’IA chinoise « DeepSeek » a semé le doute en début d’année. Quel impact cela a-t-il eu ?
En février, les valeurs technologiques américaines ont sous-performé. Depuis, elles ont rebondi, sauf quelques exceptions comme Apple. Il faut noter que 60 % de la performance du S&P 500 provient des « Magnificent Seven », avec Nvidia et Meta en tête. En Europe aussi, la performance est concentrée sur peu de titres.
Le « Liberation Day » a marqué un tournant. Quelles en ont été les conséquences ?
Les tarifs douaniers imposés par Donald Trump ont provoqué un sell-off sur les Treasuries. Pourtant, les investisseurs étrangers n’ont pas massivement vendu la dette américaine. Le dollar a été affaibli, mais il est trop tôt pour parler d’un nouveau cycle.
Et la politique monétaire américaine ?
Trump critique ouvertement Jerome Powell et souhaite une politique plus accommodante. Il ne pourra pas influencer directement la Fed, mais le mandat de Powell se termine bientôt. Son successeur pourrait adopter une approche plus souple, avec un impact énorme sur le budget américain.
L’inflation reste sous contrôle ?
Oui, elle est étonnamment faible. Les effets des tarifs ne se sont pas encore manifestés dans les chiffres. La Fed reste prudente, mais une approche plus proactive serait préférable pour éviter des baisses de taux en urgence.
Et en Europe ?
L’euro agit comme un catalyseur désinflationniste, mais il pénalise nos exportations. Cela freine la croissance. La BCE a baissé les taux, mais je pense qu’on pourrait encore voir deux à trois baisses supplémentaires si l’inflation reste faible.
Les matières premières ont bien performé. L’or, notamment ?
L’or a gagné plus de 20 % cette année, doublé sur cinq ans. L’argent a suivi, surtout après l’annonce de la banque centrale russe. Cela reflète une perte de confiance dans le dollar et un intérêt croissant pour les actifs refuges.
Et le bitcoin ?
Il a bien tenu, mais seul le bitcoin a performé. Il ne joue pas le rôle de couverture. Aux États-Unis, il est devenu une classe d’actifs légitime, mais chez nous, la perception reste différente.
Pour finir, quel est votre pronostic pour le second semestre ?
Le pic de volatilité sur une journée est probablement derrière nous. Elle pourrait rester élevée plus longtemps. Tout dépendra des résultats d’entreprises. Si ceux-ci sont solides et que la Fed baisse les taux dès septembre, le scénario sera favorable. Sinon, il sera difficile de dépasser les niveaux actuels.