L’année a commencé sur une note euphorique avec le « US Exceptionalism ». Puis, dès fin janvier, un choc est venu de Chine avec « DeepSeek ». Quel en a été l’impact ?
« DeepSeek », une IA open source lancée par les Chinois, a remis en question les investissements massifs des géants américains comme Meta, Alphabet ou Apple. Si les Chinois peuvent faire aussi bien pour moins cher, cela soulève des doutes sur la pertinence de ces investissements, notamment dans les puces Nvidia. Cela a provoqué une correction sur les marchés.
Ces doutes persistent ?
Oui. Rien n’est encore confirmé. Peut-on produire à moindre coût ? Leur IA est-elle vraiment au niveau ? Ces incertitudes ont perturbé le marché. Les investissements massifs dans la tech sont remis en question.
Parlons du « Liberation Day » et de ses conséquences.
Ce jour-là, les tarifs douaniers imposés par Donald Trump ont surpris. Cela a eu un impact sur les taux : les investisseurs ont vendu des obligations, les rendements ont monté. Cela met l’État américain sous pression, car il paie déjà très cher pour sa dette. Ce mouvement de hausse des taux a probablement incité Trump à calmer le jeu.
Trump critique ouvertement Jerome Powell. Quel est l’enjeu ?
Trump aimerait influencer la politique monétaire, mais la Fed reste indépendante. Il a toutefois un espoir : le mandat de Powell se termine bientôt. Son successeur pourrait adopter une politique plus accommodante, ce qui aurait un impact majeur sur le budget américain.
Et en Europe ?
La BCE a baissé les taux, mais je ne parierais pas sur une fin de cycle. L’euro fort est désinflationniste, le pétrole est moins cher, la digitalisation progresse… Je pense qu’on pourrait encore voir deux à trois baisses supplémentaires si l’inflation reste faible. Les économies européennes, notamment en France et en Allemagne, tournent au ralenti.
Les rendements obligataires baissent. Est-ce le retour du TINA (« There is no Alternative ») ?
Pas encore, mais on s’en rapproche. Si les taux baissent encore, les obligations ne suffiront plus à générer un rendement réel positif. Il faudra se tourner davantage vers les actions, surtout avec une inflation plus élevée qu’entre 2010 et 2020.
Le marché européen surperforme cette année. Pourquoi ?
L’industrie est très demandée, portée par les plans de relance. Le contexte géopolitique favorise les entreprises de défense. Les financières, bien capitalisées et généreuses en dividendes, attirent les investisseurs en quête de rendement.
Et les banques européennes ?
Elles ont bien performé, mais restent très cycliques. Si la conjoncture se retourne, leur cœur de métier souffrira. Comparer leur trajectoire à celle des « Magnificent Seven » n’a pas beaucoup de sens. Cela dit, ceux qui étaient exposés ont bien joué.
Qu’en est-il des actifs « verts » ?
Le marché a oscillé entre extrêmes. L’investissement durable a été survalorisé, puis corrigé. Le changement climatique est bien réel, mais il faut revenir à une approche plus rationnelle. Le thème reste crucial à long terme.
Et pour conclure, quel est votre pronostic pour le second semestre ?
Difficile à dire. Les marchés sont sur des plus-hauts historiques. La conjoncture reste solide, la liquidité abonde. Mais je préfère rester prudent. Tout dépendra des résultats d’entreprises et de la politique monétaire.