Positionnement stratégique - Juillet 2025
Juillet 2025
Marchés
À l’issue du deuxième trimestre, les marchés actions globaux affichent une performance de 2,63%, un chiffre qui dissimule de larges disparités au sein de la période.
Prenons un exemple : si la performance d’avril ne s’est affichée « que » à -4%* à l’issue du mois, la volatilité a, elle, touché des sommets. Le 2 avril, Donald Trump a dévoilé ses « tarifs réciproques ». Aussi fameux qu’ubuesques, ils entraient en scène pour supposément rééquilibrer un commerce international qui aurait tant lésé les États-Unis depuis des années.
Dès l’annonce, la réaction des marchés a été sans équivoque. Les actions américaines ont dégringolé de près de 15% en seulement quelques séances, faisant chuter l’indice phare S&P500 sous la barre des 5000 points pour la première fois depuis avril 2024.
Face à l’effroi généralisé, le Président américain a été contraint d’agir en déclarant une pause de 90 jours pour l’ensemble des partenaires commerciaux des États-Unis à l’exception de la Chine.
Ainsi, le 9 avril, la mise en pause des tarifs a libéré de façon puissante la tension qui pesait sur les marchés. Et si quelques épisodes de volatilité ont encore apparu de-ci de-là, la trajectoire s’est généralement révélée haussière depuis la suspension temporaire des tarifs douaniers, marquant des gains de près de 15% sur l’indice global en euro.
Le mois de mai, quant à lui, n’a fait que sceller le retour de l’appétit pour le risque, enregistrant un gain de près de 6%* à l’échelle mondiale. À titre d’exemple, ce fut le meilleur mois de mai du S&P 500 depuis 1990, les gains en dollar s’affichant à plus de 6%*.
Enfin, en juin, la performance s’est révélée modestement positive avec un gain de près de 1,05% en juin.
Les performances essuient les lourds revers de l’effet devise . Si les indices américains ont grimpé de 25% depuis les plus bas en dollar, la performance en euros se trouve considérablement plombée par la dépréciation du billet vert face à l’euro : la performance convertie en euro ne gagne que 18%.
Les rendements souverains n’ont pas été épargnés, la volatilité les a également touchés. Début avril, le 10 ans américain s’établissait à 4,20% pour finir le trimestre à peine plus haut. Il a évolué au gré des phases baissières liées aux craintes de récession, et des phases haussières en raison des craintes sur le déficit public et l’inflation.
En Allemagne également, le Bund a fait les frais de la volatilité. Le taux de référence à 10 ans a connu des phases de fléchissements liées aux impacts économiques des tarifs sur la croissance, suivies de phases de relèvements en raison des plans de dépenses publiques dans les infrastructures et l’armement. Finalement, le taux à 10 ans a débuté le trimestre à 2,73% pour le terminer à 2,60%, touchant son plus bas courant avril à 2,44%.
Positionnement stratégique
Dans cet environnement, il semble judicieux de diversifier les portefeuilles à l’internationale. En effet, les valorisations sur les marchés américains sont revenues à des niveaux historiquement élevés, alors que le cadre macroéconomique s’est détérioré. Voilà plusieurs années que les investisseurs ont la possibilité de se focaliser uniquement sur les marchés américains, qui présentent les entreprises les plus innovantes et les plus rentables, au détriment des marchés européens et émergents qu’ils pouvaient jusqu’alors se permettre d’ignorer, faute d’intérêt. Pourtant, désormais, à mesure que les lignes bougent, ce pari semble tout aussi risqué qu’audacieux, notamment pour l’Europe.
Sur le plan du choix des classes d’actifs, la recommandation va vers une sous-pondération des actions, notamment via les États-Unis, car les actions américaines intègrent déjà dans leurs valorisations les bonnes nouvelles liées au retrait des tarifs et des niveaux de croissance bénéficiaire élevés malgré une économie incertaine. Ainsi, les indices américains semblent vulnérables face à une détérioration marquée des données économiques.
En contrepartie, cette diversification globale implique une surpondération de l’Europe et des marchés émergents. Notons également que le risque de devise plombe l’attractivité des actifs libellés en dollar pour les investisseurs étrangers. C’est pourquoi les portefeuilles intègrent une certaine couverture du risque de change.
Sur le plan sectoriel, les secteurs des Services de Communications, qui profitent très nettement de la thématique de l’intelligence artificielle, ainsi que les Matériaux de Base européens, sont préférés. La surpondération récente des Matériaux européens entend profiter
des plans de dépenses publiques en Europe à travers un secteur qui accuse un retard de performance par rapport au reste du marché.
Dans le segment obligataire, la préférence porte sur les taux européens. Il semble plus plausible que l’Europe opère un fléchissement de taux supplémentaire que les États-Unis, au vu des attentes d’inflation et d’une croissance encore faible à l’heure actuelle. Par ailleurs, outre Atlantique, les risques d’inflation ne sont pas les seuls écueils : la dérive budgétaire et la nouvelle loi budgétaire, aggravant le déficit pour les années à venir, rend la dette américaine de long terme moins attractive. Dans l’ensemble, la duration reste plus courte que le marché.
Quant à la dette d’entreprise, ce segment continue d’être digne d’intérêt dans la construction de portefeuille puisqu’il apporte autant de stabilité que de rendements intéressants.
Allocation
Face à une détérioration des conditions économiques et des niveaux de valorisation toujours élevés sur les actions en fin de trimestre, l’allocation en actions a été passée de « surpondérée » à « sous-pondérée », notamment via des ventes d’actions américaines. Longtemps favorites des investisseurs globaux, les actions américaines sont désormais boudées face à un risque politique et économique accru. Par ailleurs, l’affaiblissement du dollar durant le premier trimestre rappelle le risque de devise embarqué par les investisseurs dans un environnement politique incertain. C’est la raison pour laquelle les marchés européens et émergents, dont la gouvernance économique est meilleure, ont eu la cote durant le trimestre. Sur le plan sectoriel, les paris actifs à plus forte sensibilité économique tels que la Consommation discrétionnaire et la Finance ont été neutralisés pour laisser la faveur aux Services de Communications et à l’Immobilier européen.
Quant à l’obligataire, la duration via la partie européenne a été favorisée au vu de la hausse rapide des rendements souverains durant la période. Face aux risques économiques présents, la dette d’entreprise à haut rendement a été dégradée sur la poche américaine en particulier.