Analyse économique
Juillet 2024
It’s a soft, soft landing
Après un premier trimestre de forte hausse à 10%, la trajectoire ascendante des marchés boursiers demeure intacte à l’issue de ce deuxième trimestre.
En effet, les quelque 4% de rendement engrangés à l’issue de ce deuxième trimestre ont eux aussi satisfait les investisseurs. Ainsi, la performance des marchés actions globaux atteint quasiment 15% en euros depuis le début de l’année.
En somme, mai et juin ont permis de redresser la barre, même si le trimestre s’annonçait compliqué en avril, qui fut d’ailleurs le premier mois de performance négative depuis octobre 2023.
Économie
Si les marchés actions se portent comme des charmes, c’est au moins en partie en raison de l’état de l’économie. Somme toute, les chiffres nous démontrent que l’économie va plutôt bien, même si le pessimisme plombe l’ambiance et les consommateurs restent déboussolés par la vague inflationniste qui a déferlé sur eux.
États-Unis
Après une année de croissance particulièrement vigoureuse en 2023, il était communément escompté que l’économie américaine ralentisse cette année. À cet égard, il semble que le fameux soft landing, attendu de longue date, est actuellement en cours. Par définition, un soft landing correspond à une situation économique où la croissance ralentit gentiment, sans récession, couplé à la désinflation. C’est exactement ce qui a lieu actuellement : l’économie ralentit par rapport à l’an dernier, et l’inflation rejoint peu à peu de la cible de 2%. La croissance au premier trimestre a « seulement » atteint 1,6% en termes annualisés (bien entendu, l’effet substantiel du commerce extérieur et des inventaires entre en ligne de compte), et la croissance attendue en 2024 commence à être doucement révisée à la baisse.
Un autre signal de ralentissement notable est celui qu’envoie le marché de l’emploi : le taux de chômage remonte petit à petit. Il est passé de 3,5% il y a un an à 4,1% actuellement. Cette remontée du chômage n’est en rien alarmante, car elle témoigne d’une normalisation du marché de l’emploi. Un autre exemple parle de lui-même : à la sortie de la pandémie, en moyenne deux emplois étaient disponibles pour une personne au chômage. Aujourd’hui, ce ratio se normalise et se pose à 1,2. Ainsi, la modération du marché de l’emploi permet également de parvenir à une modération de la croissance salariale, cruciale pour calmer l’inflation des services.
L’inflation n’a toujours pas atteint la cible de 2%. Pourtant, la désinflation est bien d’actualité. Si les premiers mois de l’année ont semé le doute, les derniers chiffres sont bons et l’inflation touche finalement 3% grâce à une accalmie sur les services, dont notamment le logement, qui commence à refléter une politique monétaire plus restrictive.
L’inflation européenne semble aller dans le bon sens également. Autour de 2,5%, elle n’a toujours pas atteint la cible de 2% de la BCE, mais elle se trouve en meilleure posture qu’aux États-Unis.
Europe
L’Europe, quant à elle, ne va pas dans le même sens. Partant d’un point de départ plus faible, l’économie européenne semble avoir amorcé sa reprise. Au premier trimestre, la croissance a surpris à la hausse : 0,3% de croissance contre une attente à 0,1%. Et si l’Europe se reprend, c’est avant tout grâce aux services. Le secteur manufacturier n’a pas encore délivré la reprise attendue, en témoignent les PMI. La Chine non plus d’ailleurs. Grande partenaire commerciale de l’Europe, elle continue de traverser une période de croissance décevante. Dans ce contexte, les analystes commencent à revoir leurs attentes de croissance à la hausse pour l’Europe, en les plaçant à 0,7% en moyenne pour cette année. Pour 2025, les économistes voient la poursuite de la reprise d’un œil confiant et tablent sur une croissance attendue à 1,5%.
Banques centrales
Grâce à une inflation plus faible que prévue, la BCE a pu procéder à une première baisse de ses taux directeurs. Une réduction de seulement 25 points de base a été opérée, plaçant le taux de dépôt à 3,75%. Si limitée soit-elle, cette diminution atteste de la volonté de la BCE de détricoter la politique monétaire restrictive en place malgré un refus catégorique de s’engager pour de futures baisses. D’ailleurs, la BCE n’est pas seule à diminuer les taux : le Canada, la Suisse et différents pays émergents en avance sur leur cycle monétaire lui ont emboîté le pas.
La Fed, en revanche, n’a toujours pas effectué de baisse de taux, mais Jerome Powell laisse entendre que sa priorité n’est plus exclusivement la lutte contre l’inflation. Certes, il souhaite voir l’inflation rejoindre la cible de 2%, mais désormais, il observe de plus près le marché de l’emploi, toujours en bonne santé au demeurant, sans pour autant être en surchauffe. Cela donne des pistes sur les volontés de la Fed : si l’activité économique déraille, la Fed pourra intervenir pour soutenir l’économie.
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