Zurück

Analyse économique - Avril 2025 (copy 2)

Économie

Dans le contexte actuel, les données économiques envoient des signaux contradictoires. Pour l’instant, les reports des tarifs permettent à l’économie mondiale de s’en sortir sans trop de dégâts. D’ailleurs, les tarifs annoncés début avril auraient pu provoquer une récession très rapidement tant la méthode était brutale. Heureusement, les reports ont permis aux entreprises actives et impliquées dans le commerce international de mieux s’y préparer en accélérant les importations aux États-Unis. En définitive, les pauses sur la plupart des tarifs (même si certains sont restés actifs), ont permis aux entreprises de ne pas faire grimper leurs prix de vente et à terme, l’inflation.

États-Unis

Aux États-Unis, les données d’inflation publiées entre avril et juin, qui témoignent de l’évolution des prix de mars à mai, n’ont pas reflété d’impact majeur des tarifs sur l’inflation. Toutefois, le chiffre d’inflation du mois de juin, publié en juillet, démontre que sur certaines catégories de biens, l’inflation est de retour, avec un chiffre global qui passe de 2,4% à 2,7%. Au vu des prévisions, il ne serait pas surprenant que cette dynamique se poursuive. Cette crainte est corroborée par les entreprises qui, interrogées dans le cadre de sondages économiques, indiquent craindre une remontée de l’inflation au vu de l’environnement incertain.

Sur le plan de l’activité, l’économie américaine devrait ralentir par rapport à l’année dernière. Alors que la croissance s’approchait des 3% en termes réels en 2024, le timide -0,5% de croissance à l’issue du premier trimestre 2025 a cassé l’élan. La consommation, moteur de la croissance aux États-Unis, affiche un ralentissement certain, notamment dans les services, habituellement stables. En revanche, la consommation de biens est en réaccélération : les ménages se précipitent pour se lancer dans leurs gros achats avant l’entrée en vigueur des tarifs.

Malgré des craintes ambiantes, le dernier chiffre d’emploi aux États-Unis s’est révélé porteur. En effet, alors que le taux de chômage était attendu en hausse (de 4,2% à 4,3%), celui-ci a baissé à 4,1%, contre toute attente. Certes, ce chiffre reflète notamment une réduction de la force de travail (mécaniquement, moins de demandeurs d’emplois signifie un taux de chômage plus faible sur un niveau d’emploi donné), mais il n’en demeure pas moins qu’une récession reste lointaine sur des niveaux de chômage si bas.

Évolution de l’inflation

Source : Bloomberg, Spuerkeess Asset Management

Entre temps, Donald Trump se félicite d’avoir fait voter au Congrès la Big Beautiful Bill, prévoyant une reconduction des baisses d’impôts datant de 2017 pour les sociétés, mais aussi des baisses d’impôts pour les ménages. Toutefois, les coupes dans Medicaid, l’assurance santé des plus modestes, et l’impact sur le déficit public, toujours plus élevé, provoquent la critique.

Dans cet environnement, la Fed maintient ses taux, leur dernier fléchissement datant de décembre 2024. Les risques d’inflation haussiers, la dérive budgétaire et le taux de chômage à seulement 4,1% n’incitent pas Jerome Powell, le Président de la Fed, à se précipiter les taux dans la voie baissière, n’en déplaise à Donald Trump qui n’a de cesse de lui mettre la pression dans ce sens.

Europe

En Europe, l’inflation, proche de 2%, n’est plus en problème, en attestent la série de baisses de taux effectuées par la Banque centrale européenne (BCE). La question porte désormais davantage sur la reprise de la croissance, sous l’impulsion du plan de dépenses allemand en armement et en infrastructures. Sur la scène géopolitique, le retrait américain invite les États

européens à reprendre leur destin en main. L’annonce la plus spectaculaire provient d’Allemagne, où les dépenses annoncées par le chancelier Merz s’élèveront à des centaines de milliards, lissées sur plusieurs années, bien entendu.

Evolution des taux directeurs

Source : Bloomberg, Spuerkeess Asset Management

Ainsi, les perspectives de croissance sont revues à la hausse à partir de fin 2025, et la croissance potentielle promet d’être plus élevée dans les années à venir. Cela étant, pour l’instant, seul l’optimisme est de retour car les données économiques se situent toujours sur des niveaux de croissance faible.

Pour les deux prochaines années, la croissance est attendue en forte accélération en Allemagne, dépenses publiques et investissements privés obligent. Les prévisions révèlent qu’elle devrait passer de 0,2% en 2025 à 1,1% en 2026, puis 1,7% en 2027. Tout cela sans risque majeur sur l’inflation.

Chine

En Chine, les pouvoirs publics essaient de redonner la confiance aux consommateurs et aux investisseurs en engageant des politiques de relance, monétaires et budgétaires. Les deux premiers trimestres ont enregistré 5,4% et 5,3% de croissance, dépassant la cible de 5% fixée par le gouvernement central. Pour autant, l’économie chinoise n’est toujours pas entièrement tirée d’affaire. En effet, les ménages chinois ont été confrontés à un phénomène de destruction de richesse conséquente en raison de la crise immobilière ces dernières années. Devenus frileux sur le plan de la consommation, ils affichent des niveaux d’épargne très élevés. Dans un tel contexte, le gouvernement mise sur un retour progressif de la consommation par le biais de l’application de mesures ciblées (dans le domaine de l’électroménager ou électroniques tels des smartphones ou des montres connectées par exemple) plutôt que sur des plans de relance massifs. Du côté des taux, la déflation permet à la banque centrale de poursuivre sa trajectoire baissière. Enfin, le gouvernement entend soutenir son secteur de la Technologie, en situation de rupture après des années de pression et de régulation.

Devise

Le dollar américain se place dans les premiers rangs des victimes des politiques erratiques de Trump. Si les actions américaines ont rebondi après avoir dégringolé d’abord, le dollar n’a pas évolué de cette façon. Alors qu’en début d’année, le taux de change EUR-USD s’établissait à 1,04, il touche désormais 1,17, après un record à 1,18 fin juin. Plusieurs forces exercent une pression baissière sur le dollar. Tout d’abord, l’administration Trump souhaite affaiblir la valeur du billet vert. Son objectif : faire gagner l’industrie américaine en compétitivité. Ensuite, les banques centrales tendent à réduire leurs réserves en dollar pour privilégier l’or. Sans oublier les flux sortants du marché américain : l’exposition vaste de tous les investisseurs internationaux au marché américain s’est retrouvée mise à mal en raison de la perte de visibilité récente. Enfin, Donald Trump attaque ostensiblement la Fed et son indépendance, ce qui n’est pas de bon augure ni pour le dollar ni pour les rendements de la dette souveraine. Ces vents contraires viennent se mêler à un vent d’optimisme sur l’économie européenne, dont la monnaie est perçue comme étant procyclique. En effet, la monnaie unique profitant des phases d’accélération économique, l’euro pourrait s’en voir renforcé face au dollar.

Conclusion

En somme, le cadre macroéconomique global met en lumière des contrastes saisissants. En effet, tandis que l’économie américaine, plombée par l’application des tarifs douaniers et le manque de visibilité, présente des risques de ralentissement et d’inflation, l’Europe et la Chine, pourtant à la traîne depuis plusieurs années, cristallisent les espoirs d’amélioration : ils bénéficient d’un cadre favorable de faible inflation, sous l’impulsion des politiques publiques.

Aykut Efe
Economist & Strategist
Spuerkeess Asset Management

Vous n'avez pas encore lu notre éditorial ?

Vous voulez connaître l'impact sur nos gestions ?

Disclaimer

Les informations et opinions contenues dans le présent document se dégagent de sources d’informations fiables. La Banque et Caisse d'Epargne de l'Etat, Luxembourg (Spuerkeess) ne peut cependant pas garantir leur exactitude, exhaustivité ou pertinence. Les informations et les opinions contenues dans le présent document sont fournies à titre purement informatif aux clients de la Spuerkeess et ne constituent ni une offre d’achat ou de vente, ni des recommandations d’investissement, ni un conseil en investissement, voire un quelconque engagement de la Spuerkeess. Chaque client est tenu de se forger sa propre opinion sur les informations contenues dans le présent document et pour ce faire, il lui est loisible de contacter son conseiller habituel pour toute question en matière d’investissements. Les informations et opinions ne sauraient en aucun cas servir à une évaluation des instruments financiers éventuellement mentionnés dans le présent document. Toute référence à des performances passées ne saurait constituer une indication quant aux performances à venir. Le contenu du présent document reflète les opinions de la Spuerkeess au jour de la publication dudit document. Toute information ou opinion contenues dans le présent document peut être supprimée ou modifiée à tout moment par une nouvelle publication. La Spuerkeess décline toute responsabilité au titre de ce document s’il a été altéré, déformé ou falsifié notamment par le biais de l’utilisation d’Internet. En outre, la Spuerkeess ne pourra être tenue responsable des conséquences pouvant résulter de l’utilisation d’une quelconque opinion ou information contenue dans le présent document. En tant qu’établissement de crédit de droit luxembourgeois, la Spuerkeess est soumise au contrôle prudentiel de la Commission de Surveillance du Secteur Financier. Le présent document a été élaboré par le Service Spuerkeess Asset Management. Le présent document ne peut être ni reproduit, ni communiqué à une tierce personne sans autorisation préalable écrite de la Spuerkeess. Sauf indication contraire dans le présent document, il n’est pas prévu de le mettre à jour.