Analyse économique - Octobre 2025
On a beau dire, la solidité perdure
États-Unis, une économie à deux vitesses
L’économie américaine, à l’image du reste du monde, continue de faire face aux chocs tarifaires successifs impulsés par Donald Trump.
Ainsi, la consommation des ménages, moteur de croissance traditionnel, inspire des doutes. Dans l’ensemble, elle semble bien orientée au deuxième trimestre puisqu’elle progresse de 2,5%. Cela dit, le fossé se creuse selon les niveaux de richesse puisque désormais, ce sont les ménages les plus aisés qui l’impulsent, profitant d’un généreux effet richesse grâce à l’ascension des marchés actions.
De leur côté, les ménages modestes subissent plus directement une inflation qui réaccélère et les impacts des taux d’intérêts demeurant relativement élevés.
Si ces derniers ne profitent que marginalement d’un effet richesse lié aux actions et à la cryptomonnaie, le marché de l’emploi et la croissance salariale se maintiennent à des niveaux corrects et stables.
Ces derniers mois, la création d’emplois a été au cœur de l’attention car elle ralentit nettement et s’approche de zéro, sans pour autant s’accompagner de destructions d’emplois. Ainsi, une augmentation drastique du taux de chômage n’est pas attendue.
Face à un marché de l’emploi qui s’essouffle, la Fed prend acte et agit : elle diminue une première fois les taux en septembre, et devrait procéder à une deuxième -voire une troisième- baisse avant la fin de l’année.
Enfin, si le marché de l’emploi laisse apparaître des signes de fébrilité, la croissance salariale reste à des niveaux corrects. Combinée à la baisse des taux directeurs de la Fed, la pression financière subie par une bonne partie des ménages pourrait s’alléger.
Outre la consommation, une large contribution à la croissance provient des dépenses d’investissements liés à l’intelligence artificielle. Il s’agit notamment des investissements en hyperscalers, ces infrastructures colossales qui fournissent la puissance de calcul alimentant l’IA. Bien entendu, la durabilité de ces investissements pose question au vu des dépenses pharaoniques actuellement consenties.
En matière d’inflation, les ménages américains subissent assez naturellement une réaccélération de la hausse des prix. En effet, si les entreprises exportatrices et importatrices ont réduit quelque peu leurs marges pour éviter de tout répercuter sur le consommateur, un effet existe malgré tout sur certaines catégories du panier d’inflation, sur les biens importés notamment.
Généralement, il est attendu que l’impact des tarifs sur l’inflation se prolonge dans les mois et trimestres qui suivent leur entrée en vigueur. Cela dit, il semble actuellement plausible que les tarifs douaniers ne déclenchent pas une forte vague inflationniste, mais représentent seulement un « one-off » qui s’estompe l’année suivante. La Fed semble adhérer à cette hypothèse et se permet s’abaisser le niveau de restriction de la politique monétaire depuis que son Président, Jerome Powell, a adopté un ton plus accommodant au symposium de Jackson Hole d’août.
Europe, une dynamique économique timorée
L’économie européenne, quant à elle, se trouve sur un équilibre où à la fois la croissance et l’inflation sont à des niveaux plus faibles. Son inflation avoisine 2% et devrait même passer sous ce seuil et satisfaire le sacrosaint objectif de la Banque centrale européenne (BCE). Par conséquent, il n’existe pas de cycle d’inflation globalisé entre l’Europe et les États-Unis.
Toutefois, la faiblesse de la croissance européenne (proche de 1%,) est en partie liée au contexte international chahuté. Les États-Unis sont un partenaire économique clé pour la Zone euro, et l’application des tarifs douaniers de 15% n’a pas été sans conséquence. Après un premier trimestre fort où les exportations vers les États-Unis ont été précipitées pour éviter l’écueil des tarifs, les exportations ont fléchi au deuxième trimestre. Notons également un effet devise non négligeable : en 2025, l’euro s’est renforcé de plus de 10% face au billet vert, rendant automatiquement les exportations européennes plus chères pour les agents économiques américains.
Face à une économie en stagnation et un échiquier géopolitique tendu, les espoirs pour l’année à venir, et en partie pour la fin de l’année, sont portés par les promesses de dépenses du gouvernement allemand, tant sur le plan militaire que sur le plan des infrastructures. Les montants en jeu s’élèvent à plusieurs centaines de milliards d’euros sur plus de 10 ans, ce qui devrait doper la croissance sur les prochaines années.
D’un point de vue macroéconomique, les chocs tarifaires, source intarissable d’inquiétudes cette année, semblent se résorber progressivement. Si les impacts sur l’économie continuent d’être observés, ceux-ci se révèlent moins catastrophiques qu’attendu en avril. Ainsi, les économies peuvent espérer retrouver petit à petit leurs niveaux de croissance potentielle, et écarter les pires scénarios en termes de croissance ou d’inflation.
Les marchés conjuguent gagner à tous les temps
Dans cet environnement macroéconomique parfois incertain, les marchés actions ont su aller de l’avant et progresser sur la période.
Concrètement, l’indice d’actions globales a grimpé de 7,52% en euros à l’issue du troisième trimestre. En termes géographiques, l’Amérique du Nord rapporte 8%, les marchés émergents un peu plus de 10%, tandis que la performance des actions européennes se limite à 3,50%.
Par ailleurs, la thématique IA se propage en dehors des États-Unis :le secteur de la Technologie chinoise se distingue puisqu’il affiche près de 30% de gains sur le trimestre.
À l’international, les deux secteurs phares sont de nouveau la thématique de l’intelligence artificielle représentée par la Technologie et les Services de Communications, affichant une performance respective de 12,40% et 10,87%. Viennent ensuite les Matériaux de Base qui surfent sur une envolée des matières premières telles que l’or, l’argent et le cuivre. Se classe enfin le secteur de la Consommation discrétionnaire, toujours endurant malgré un narratif pessimiste sur le consommateur américain.
La résilience des marchés actions continue de surprendre certains commentateurs de marchés, tant le rebond a été violent depuis avril. Par ailleurs, les niveaux de valorisations haut perchés, notamment de la Technologie, ainsi que la concentration élevée du marché américain peuvent inquiéter certains investisseurs.
Cela dit, plusieurs éléments invitent à prendre du recul. Tout d’abord, les performances du secteur de la Technologie continuent d’être principalement portées par la croissance bénéficiaire plutôt que l’expansion des multiples. Ensuite, la comparaison par rapport à la bulle internet de l’an 2000 nous montre qu’à l’époque, les valorisations avaient atteint des points plus extrêmes et les performances étaient moins étroitement corrélées aux fondamentaux qu’elles ne le sont aujourd’hui. Enfin, le positionnement des différents acteurs de marchés laisse encore un potentiel haussier aux marchés. Si les ménages ont agressivement acheté les plus bas en avril, certains investisseurs professionnels ne sont pas encore tout à fait investis, du moins pas autant qu’ils ne l’étaient par le passé lors des phases d’euphorie.
Des taux en ajustement
En matière de taux, le discours de Jerome Powell à Jackson Hole en août a été l’élément perturbateur puisque les taux directeurs ont été ajustés à la baisse face à l’affaiblissement du marché de l’emploi.
Ainsi, malgré les craintes d’inflation, le taux de référence à 10 ans aux États-Unis continue de fléchir pour finir le trimestre à 4,15% après avoir flirté avec les 4,50% en juillet.
En septembre, la Fed a mis la théorie en pratique en baissant ses taux directeurs de 25 points de base et confirmé l’orientation du discours de son Président en projetant 2 fléchissements supplémentaires d’ampleur similaire à l’issue des deux réunions restantes de l’année 2025.
Si la Fed ne panique pas, car aucune récession ne se profile, son objectif est de réduire le niveau de restriction de la politique monétaire, qui devrait se neutraliser à mesure que se réalisent les baisses de taux projetées.
En Europe, la BCE semble se satisfaire des fléchissements de taux successifs grâce auxquels le taux de dépôt est passé de 4% à 2% entre 2024 et 2025.
Si les taux courts (à 2 ans) en Allemagne et en France s’affichent en légère augmentation, les mouvements sur les taux longs sont plus remarquables. En France notamment, l’instabilité gouvernementale et la question pressante de la dette souveraine a poussé les taux à la hausse : le taux à 10 ans est passé de 3,28% à 3,53% et le taux à 30 ans a touché 4,50% durant le trimestre.
En outre, le taux allemand à 30 ans a atteint 3,40% (du jamais vu depuis 2011), à la fois impacté par des facteurs globaux et les plans de dépenses gouvernementales en Allemagne.
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